Il faut le dire, lorsque cette biographie est sortie, tous les médias en ont parlé. Certains en ont fait une critique respectable, d’autres l’ont littéralement traînée ans la boue. Chose certaine, quand il s’agit de la famille royale, personne n’est indifférent.
D’entrée de jeu, nommons l’éléphant dans la pièce : le prince Harry n’a pas écrit lui-même ces 544 pages. Il a eu l’aide d’un écrivain fantôme. Il n’est pas exclu que cet (te) auteur (trice) ait publié de la fiction, puisque les événements relatés sont amplement décrits de manière à créer du suspense.
En gros, Harry explique, dans un style décontracté, les raisons qui l’ont amené à quitter son pays, sa famille, sa nation. Il narre les moments importants sa vie, en partant du décès sa mère en 1997, jusqu’à celle de sa grand-mère, la reine Élisabeth II en 2023. On y apprend entre autres : qu’il n’était pas un élève modèle au collège Eaton, qu’il a déjà été consommateur de drogues, qu’il se sentait chez lui en Afrique, qu’il a longtemps remis en doute la mort de sa mère et qu’il a souvent été en conflit avec son frère William, l’héritier de la couronne britannique.
En résumé, il explique qu’il n’a jamais été appuyé par sa famille et qu’il a toujours été livré en pâture aux médias. On comprend que cela est lié au traumatisme vécu par la mort de sa mère, traquée par des paparazzis en France. Le prince en profite également pour traîner la reine consort, Camilla, dans boue. Il laisse percevoir qu’elle serait de connivence avec la presse britannique pour avoir fourni des informations de la vie privée du jeune homme et de sa jeune épouse afin de rayonner devant la population. Quant à Meghan Markle, elle fut démolie – songeant même au suicide - lorsque des révélations furent faites sur la vie de bohème que menait son père en Amérique.
La biographie se lit facilement. Les chapitres courts en font un excellemment livre de chevet. Les événements sont relatés de manière chronologique et débutent par une rencontre entre le père et les deux fils après le service funéraire du duc d’Édinbourg (2022).
L’auteur en vient à nous faire douter de nos véritables motivations de lire cette biographie. Le faisons-nous pour les bonnes raisons, comprendre ses réels fondements ou par voyeurisme ? Qu’est-ce que nous allons encore trouver comme ragot juteux ? Le prince en a tellement contre la presse à potins qu’on en vient à culpabiliser de regarder les gros titres des journaux à l’épicerie.
Certains diront qu’il en bénéficie monétairement ou encore pour se faire des avantages politiques. Peut-être, mais sachez que les profits de la vente de la biographie seront donnés à une œuvre caritative. Pour ce qui est de la cession des droits à Netflix de 20 millions de dollars… alors là…
Pourquoi un tel livre ? N’oublions pas qu’il y a quelques années, il a entamé des procédures légales contre la presse britannique. Avant le procès, il ressentait probablement le besoin de raconter lui-même son histoire.
S’expliquer, en toute franchise, avant que tout parte une fois de plus en vrille.
Prince Harry. Le suppléant, Paris, Fayard, 2023, 544 pages.
ISBN: 9782213725048
Numérique: 2213725047
47.95$ (janvier 2023)
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